Le Bain Bourguignon

A l’heure où les produits cosmétiques indiquent plus facilement ce qu’ils ne contiennent pas que ce qu’ils seront bientôt amenés à ne plus contenir, une grande envie de naturel se fait sentir.

Une prise de conscience anté-chimique, loin des grands groupes industriels, qui voit de plus en plus refleurir les savonneries traditionnelles pratiquement disparues depuis les années 60.

Un retour au vrai qui vise plus particulièrement les urbains convertis au duo artisanat-bio, tandis qu’ironiquement diverses campagnes continuent à utiliser certains poisons au nom d’une pas très ancienne mais si pratique « tradition« .

De la connaissance vient donc la renaissance de savoir-faire ancestraux, comme la saponification à froid, un processus de transformation d’une huile végétale en savon.

Une méthode de fabrication économe en énergie qui préserve les qualités intrasèques des matières premières, permettant, entre autres, la conservation de la glycérine qui confère au savon ses propriétés hydratantes.

Un procédé naturel qui permet de renouer, loin de l’estampillé « sans savon », avec une vraie recette propre à laver, soigner et nourrir la peau.

La Bourgogne, évidemment, n’échappe pas à cet engouement, mené principalement par des femmes dont l’approche en tant que savonniéres répond aux besoins actuels de simplicité et d’originalité.

Plaisir de la vue avec des couleurs obtenues exclusivement par des extraits végétaux et minéraux (Comme l’argile), séduction du parfum aux mille senteurs issues d’huiles essentielles, et délicatesse du touché pour une peau satinée sans artifice.

Solsequia – Saveurs de Bourgogne – Moult me tarde, Ôde à Bacchus, Fleur des vignes et Mon ami de Flavigny

En Côte-d’Or, à Clomot, la savonnerie artisanale Badiane est incontournable pour découvrir en direct la fabrication de savons respectueux de l’épiderme et de l’environnement, une démarche responsable couronnée par le label Nature et Progrès, l’un des plus exigeant de la cosmétique Bio en France.

A Dijon la mention Slow Cosmétique couronne deux savonneries qui proposent des formules doublement propres, du produit biodégradable à l’emballage recyclable et aux encres végétales, tout en s’engageant à innover dans le bon sens grâce à un marketing sain et responsable.

Le logo à la silhouette d’une tortue marine n’incite pas à ralentir mais à réfléchir avant d’agir et de consommer.

Il figure sur la facade de la boutique Solsequia, 17 rue Jules Mercier, vitrine urbaine d’une savonnerie basée à Labergement-Foigney, au sud-est de Dijon, née en 2013 avec un financement participatif.

Ce nom « qui suit le soleil » incite à l’utilisation raisonnée des bienfaits de la nature, chaque huile botanique étant utilisée pour ses propriétés essentielles.

L’abricot donne bonne mine, l’amandon de prune, antioxydant, limite les effets du temps tout comme l’avocat qui protége aussi la peau en profondeur, la noisette équilibre le sébum des épidermes gras, le sésame adoucit et l’olive calme et cicatrise.

Une science qui transparaît dans ces savons découpés à la main, esthétiquement bruts, révélant exactement tout le bien qu’ils vous veulent.

Le fait d’être à Dijon, une ville touristique, incite, très heureusement, à mettre en valeur les produits locaux.

Le raisin, évidemment, avec « Fleur de Vigne » dans la tendance vinothérapie, aux feuilles de vigne et argile rouge, qui permet d’améliorer la circulation sanguine et de présenter un teint aux joues rouges sans être ivre.

Si vous préférez le Bourgogne blanc, « Ôde à Bacchus » s’inspire du chardonnay et de son bouquet aux notes de fleurs blanches et de bois, qui par son composé de marc de raisin vous gardera un teint éclatant.

« Moult me tarde« , hommage au duc de Bourgogne Philippe le Hardi et à sa devise qui inspira les vinaigriers de Dijon pour une spécialité dont les graines vont vous masser et exfolier si agréablement que vous voyagerez de votre salle de bain aux Indes dont il tire sa couleur safranée.

De quoi immédiatement partager l’information, réseauter et liker afin d’élargir votre panel d’admirateurs avec « Mon ami de Flavigny » mélange d’argiles blanches et vertes, aux douces notes anisées, réservé aux peaux jeunes pour ses qualités purifiantes et adoucissantes.

Une inspiration régionale que l’on trouve aussi dans une savonnerie de Palleau, en Saône-et-Loire, AMOA, dont les produits sont présent dans deux boutiques de Dijon.

Chez « Grain de Cassis« , 14 rue Rameau et à la moutarderie « Fallot« , 16 rue de la Chouette, vous pouvez vous procurer des savons aux couleurs naturellement psychédéliques en hommage intime au terroir et au patrimoine « Ma Bourgogne ».

Nous retrouvons l’inspiration aux anis de Flavigny avec « Au coeur du secret » et à la moutarde par « Graine à larmes » exfoliant comme son alter-ego mais s’enrichissant d’une huile de moutarde légèrement chauffante.

Plus original « Fruit de nuit » mêle le raisin, par l’huile de ses pépins, au poivre de cassis, issu des bourgeons du Noir de Bourgogne qui dégagent un parfum de caractère natif de la terre.

Plus délicat, par les teintes aux toits de Bourgogne « Sous de bons auspices« , honneur à Beaune et à ses richesses, se parfume d’une fleur des vignes, éphémère  messagère, en juin, du début des vendanges 110 jours plus tard…

Des produits de toilette et de soins mêlés qui s’affranchissent de la barrière des sexes même si il est évident que certaines particularités demandent des soins ciblés.

AMOA face à la recrudescence de barbus dans les rues propose « Gustave« , des produits de rasage et d’entretien au nom hommage à un célèbre dijonnais dont la barbe était moins pointu que la tour.

Cette ligne bio, disponible dans la boutique « Ma belle parfumerie« , 6 rue Vauban, propose un savon et une huile à barbe.

Le savon, à la bonne accroche, est enrichi en kaolin et glycérine végétale pour une meilleure glisse de la lame, ce qui assure une peau lisse en toute sécurité et apporte un délicat parfum aux notes boisées et épicées qui appelle les baisers.

L’huile est multi-fonctions, utilisée pour assouplir et discipliner la barbe, atout de séduction, mais aussi pour lui faire un sort et la préparer à disparaître. Elle peut également nourrir les peaux sensibles après le rasage.

Des produits efficaces et plaisir pour un rituel qui revient de plus en plus au rasage traditionnel, coupe-choux et blaireau.

Objets d’une virilité raffinée concoctés par « La Forge du Ramu« , alliance d’essence de bois précieux (ébéne, ziricotte, azobé…) et de poils animals, tantôt sanglier, tantôt logiquement blaireau, compagnon de toutes vos barbes.

Parfaite harmonie de l’objet et du produit qui s’explique par la parenté, fraternelle, de ces deux artisans d’exception.

La Bourgogne, terre de gastronomie, l’est aussi de savonnerie, dans la même exigence de qualité et de probité qu’appelle une conduite éco-responsable.

Une implication qui ne nie pas la fantaisie, de quoi passer du ban au bain sans perdre votre Tra-la-la…

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