Un été dijonnais

Chaque année l’été provoque à son arrivée un tsunami d’enthousiasme qui submerge les esprits les plus sceptiques quant aux joies d’un sauna quotidien, aéré par les doigts de pieds en éventail des voisins, sur fond du doux sifflement des maringouins.

A chaque saison ses joies et même si mon esprit du Nord regrette souvent le frais crachin de l’enfance, Dijon offre la possibilité de sur-vivre en mode protection ou satisfaction.

De quoi se rafraîchir, se régaler, se cultiver et découvrir ce que le reste de l’année ne donne pas toujours le loisir d’apprécier.

La Côte-d’Or étant trompeuse quant à son offre de rivages ensoleillés, la ville de Dijon pare à ce poétique mirage en aménageant sur les rives du lac Kir une plage équipée d’activités sportives à la pelle : Sandball, Canoë Kayak, aviron, voile… Mais aussi des concerts et un feu d’artifice le 14 juillet, que demande le peuple ?

(Plage du lac Kir – Avenue du 1er Consul – 03.80.74.51.51)

Fraicheur pour les adeptes de longueurs la piscine Olympique, 12 rue Alain Bombard, s’offre à tous les rêves de médailles.

Et pour crawler, brasser et papillonner en famille, la piscine du Carrousel, 1 Cours du Parc, ouvre son bassin intérieur sur la plus chic avenue de Dijon, en attendant la future piscine d’été pour 2019.

Encore plus select le couloir de nage de la Cour Berbisey (Image d’ouverture) est réservé à des chambres d’hôtes haut de gamme à découvrir ici.

Patauger et frimer ouvre l’appétit ou tout du moins une soif de fraicheur.

Morgane Poillot – Les Hauts Graphismes

Plusieurs glaciers font alors leur apparition pour une multitude de tentations sur cône de gaufrette.

Trois pourtant se démarquent très nettement !

Fabrice Gillotte, 21 rue du Bourg, meilleur ouvrier de France qui, au-delà de ses chocolats d’exceptions, propose des glaces et sorbets aux goûts très affirmés.

Des ingrédients vrais pour des saveurs à croquer : Sorbets Cassis, abricot, fraise garantis 50 à 60% de fruits et crèmes glacées royales en vanille bourbon et grands crus de chocolats frappés.

Pour la Maison Carbillet, 58 rue des Forges, la qualité se mêle à l’originalité pour des saveurs d’ailleurs : Abricot-Romarin, Citron-Basilic, Framboise-Violette, Tiramisu…

Mentions spéciales pour les alliances mystérieuses : Framboise-Betterave et Glace de la Mort qui tue, un gingembre sexy allié à un biscuit craquant pour petite mort annoncée…

Chez Simone et Maurice, 6 rue de la Chouette, la glace se déguste à table depuis décembre 2016. Ouvrir en hiver dénote l’amour du froid porté à sa gourmandise ultime.

Les saisons volent en éclats, seul demeure le plaisir offert toute l’année : Glace pain d’épice « Mulot et Petitjean », Sorbet Poivron Rouge-Framboise… Saveurs locales et surprises des papilles que Anne-Claire Guinard, formée à l’école Ferrandi, porte au paroxisme.

D’autres plaisirs sucrés sont à savourer tout au long de l’été, que ce soit les macarons parisiens et les éclairs au cassis (A tomber !) du pâtissier-créateur Pierre Hubert, ici, ou le Must-Have dijonnais, pain d’épices de Mulot & Petitjean, institution gourmande au musée dédié ici .

Pierre Hubert

Pour ceux qui préfèrent le sel des apéros tardifs, les Halles offrent toutes les joies de produits ensoleillés, ici, ainsi qu’un brunch dominical jusqu’au 23 septembre (ici). Tandis que l’épicerie de luxe, Grain de Cassis, permet toutes les expérimentations à différents degrés d’alcool (Modérément !) ou de challenges entres copains, ici.

Jiminis chez Grain de Cassis

Un régime ultra-protéiné pour un regain d’énergie en mode shopping et culture.

Société de consommation oblige, les boutiques s’ouvrent les premières sur autant d’articles de rencontres partagées depuis les débuts de ce blog.

Qui dit été dit voyage, Terre de Lune est LA boutique qui vous entraîne ailleurs dès le pas de porte franchi.

Bougie La Française chez Terre de Lune

Une explosion de couleurs, de parfums, de saveurs pour une imagination sans borne.

Un magasin destination à découvrir ou redécouvrir ici.

Quand à Paula Coste, avant une phase de travaux, les vêtements pimpants et la décoration dépaysante vous entraînent entre le Maroc et les Caraïbes… ici.

Des petits hauts & Repetto chez Paula Coste

Une garde-robe, panoplies, à assortir aux bijoux de Noir Animal pour un look affirmé, ici, ou à ceux des Ateliers du Parfumeur qui portent une ethnicité communicative, ici.

Ayala Bar chez l’Atelier du Parfumeur

Boutique qui offre aussi à la garde-robe, mobilier, les senteurs de la maison, bougies et boules de terres cuites, tout comme Ma Belle Parfumerie, entre parfums d’intérieur et parure de nudité, ici.

Les plus jeunes ne sont pas en reste avec Les petites graines, une boutique aux trésors et des ateliers pour dors et déjà préparer la rentrée… ici.

Scalaë chez Les Petites Graines

Une perspective encore lointaine qui encourage d’autant plus à profiter de cette saison pour découvrir le patrimoine du bout de la rue, les musiques sacrées et festives ou l’avant-garde scénique et plastique, comme autant de souvenirs loin des clichés de cartes postales.

Le Consortium, scène plastique contemporaine, ouvre ainsi jusqu’au 14 octobre son Almanach 18, pages d’horizon des créations d’aujourd’hui et hier, entre le benjamin Luc Ming Yan, chantre de l’art actuel dans la prometteuse veine sino-dijonnaise, et Mati Klarwein, avant-garde underground, allemand, juif, arabe et africain en facettes éclairantes, entre scénes bibliques, dyptiques et polyptiques d’une humanité hybride et épanouie.

Un almanach de l’année et d’un passé contemporain comme le Consortium en a le secret : éclairer le regard pour penser en beauté…

Yann Gerstberger – Fresque et fausses tapisseries chatoyantes

Néanmoins pour ne pas griller les étapes de l’histoire de l’Art qui précèdent cette escapade avant-garde, cours de rattrapage au Musée des Beaux-Arts, 1 rue Rameau, pour les périodes médiévale et renaissance, dont un tableau est le jalon parfait (ici !).

Un art souvent religieux qui expose ses instruments sacerdotaux et statues de dévotion au Musée d’Art Sacré, ici, tandis que son voisin ouvre le musée aux arts populaires d’une Vie Bourguignonne d’antan, ici.

Pour les périodes classique, romantique et pompier en attendant la fin des travaux du Musée des Beaux-Arts vous trouverez à deux pas de celui-ci le Musée Magnien, 4 rue des Bons Enfants, magnifique collection permanente qui s’ouvre quelquefois à des découvertes temporaires… (Archives ici et ici)… Et à des concerts, programme de l’été ici.

Pour le XIXe grandiloquent passage obligé le 14 juillet au Musée Rude, ici, afin de célébrer l’événement devant La Marseillaise.

Imaginaire concret aux Bains du Nord, lieu d’exposition du FRAC Bourgogne, des « Espaces autres » propices aux rêves et à la mise à l’écart du monde, à réfléchir jusqu’au 16 septembre… ()

Une proposition linéaire qui n’empèche pas les confrontations dans une ville qui met un point d’honneur à varier les regards sur l’extérieur et sur elle-même.

Jusqu’au 16 septembre, dans le salon d’Apollon du Palais des Ducs, 1 place de la libération, l’artiste pluridisciplinaire Patrick Carlier  présente sa vision 3D des monuments de Dijon, un pliage patrimonial à soulever pour varier les points de vue et les anecdotes architecturales.

Voilà l’été à Dijon ! Flanez au prochain Sunday Market, marché de créateurs (*ici), découvrez la Cathédrale St-Bénigne à l’occasion des Estivales d’Orgue du 15 au 29 juillet (Programme ici)…

Prenez le soleil ou le frais dans les nombreux jardins, ici, ou en terrasse à l’occasion du festival « Garçon la note ! » du 4 juillet au 28 août (Addition ici)…

…Et de la hauteur à l’occasion des fêtes de la vigne, du 20 au 26 août, entre tradition et patrimoine, gastronomie et vins (ici), ou lors de la montée de la Tour Philippe le Bon lors des visites à thèmes de l’Office de Tourisme, sur le parcours de la chouette.

Des vacances multiples et variées dont l’illustratrice Berthine Marceau croquera à jamais, de sa patte de velours, les plaisirs éprouvés.


Devant tant d’objectifs de découvertes, Dijon Design se met en vacances jusque début septembre.

A bientôt pour le festival 360° et d’autres événements de rentrée…


Images d’ouverture : Salvo (Salvatore Mangione) – Exposition « Almanach 18 » au Consortium

Musée Rude – 8 rue Vaillant

Les aléas et les gloires de l’histoire dijonnaise se concentrent en un lieu dont le culte est désormais dédié aux Beaux-Arts.

Au Ve siècle, suite au saccage de Langres, siège épiscopal, Dijon accueille un groupe cathédral, dont l’église Saint-Etienne établie sur les fondations du rempart gallo-romain, le castrum, édifié vers 270 pour protéger « Diviomagus » (Antique Dijon) des invasions barbares.

Au XIIe siècle, Saint-Etienne devient une riche et importante abbaye dont l’église sera reconstruite plusieurs fois au cours des siècles jusqu’à devenir un temps, de 1731 à 1789, cathédrale.

Désaffectée en 1792 devenant Halle aux blés, bâtiment municipal, bourse et chambre de commerce, c’est depuis 2009 le centre administratif culturel de la ville qui regroupe le pôle documentaire, la conservation, le service des publics, l’administration du musée des beaux-arts, la Société des amis des Musées de Dijon ainsi que la bibliothèque municipale de prêt adultes du centre-ville.

Un ensemble appelé « La Nef » en référence à son emplacement dans l’église Saint-Etienne dont chaque espace, malgré les transformations, a été préservé pour offrir au public un large éventail de l’histoire et des gloires dijonnaises.

Ainsi le choeur permet de brasser du regard quelques siècles d’architecture, des restes du castrum du IIIe siècle dont on mesure la largeur, jusqu’à la crypte du XIe siècle dont on perçoit encore les bases de l’ancienne élévation.

Quant au transept, il a été aménagé en 1947 pour accueillir le moulage du « Départ des Volontaires de 1792« , communément appelé « La Marseillaise« , célèbre sculpture réalisée par François Rude sur le pied droit de l’Arc de Triomphe de l’Etoile à Paris.

Ce haut relief impressionnant, incrusté dans la voûte de l’édifice sacré, répond à d’autres moulages dont les oeuvres originales sont conservés au musée des Beaux-Arts, malheureusement mises au secret jusqu’en 2019, date prévue pour l’achèvement des travaux de rénovation des salles dédiées à l’art moderne.

D’ici là le musée Rude est la seule occasion de découvrir la virtuosité technique d’un artiste hors du commun.

François Rude est né le 4 janvier 1784 à Dijon, il entre dès 1800 à l’Ecole de Dessin de François Devosge pour suivre un enseignement fondé sur le dessin et le modelage d’après l’antique et le modèle vivant.

En 1807 recommandé par son maître auprès de Vivant Denon, directeur des Musées impériaux, François Rude quitte sa ville natale pour Paris.

Il fréquente quelques ateliers d’artistes avant d’être admis à l’Ecole impériale des Beaux-Arts en 1809 et d’obtenir le premier prix de Rome en 1812 avec « Aristée déplorant la perte de ses abeilles« .

Un thème classique, annonciateur des prochains tourments de l’Histoire qui ont amenés Rude, à la chute de l’Empire, à s’exiler avec son protecteur dijonnais, Louis Fremiet, à Bruxelles.

Ce n’est que 12 ans plus tard, en 1827, à son retour définitif à Paris qu’il affirme un talent qui le désigne comme l’un des principaux sculpteurs de sa génération.

Le sens de l’esthétique classique, la modernité de certains de ses sujets (« Le Petit pêcheur napolitain » – salons de 1831 et 1833) et une exaltation des gestes et des regards historiques l’amènent à réaliser son chef-d’oeuvre, cette « Marseillaise » sculptée qui emprunte à l’antique les costumes de ces héros révolutionnaires à l’expressivité romantique.

Rude apporte à ses réalisations une force vivante qui nous entraîne, même sans connaitre la personne ou le sujet représenté, dans un mouvement, dans un élan communicatif.

Le Maréchal Ney – 1838 – Plâtre (surmoulage)

Comment ne pas vouloir suivre la fougue du Maréchal Ney, comment ne pas entendre les voix qui résonnent dans le regard écarquillé de Jeanne d’Arc ?

Jeanne d’Arc écoutant ses voix – 1845 – Plâtre (surmoulage)

Les oeuvres de Rude renvoient à la nature humaine, à ses motivations, ses émotions, ses actions, qui font de l’artiste le grand maitre du romantisme sculpté dans le monument national.

Le lieu est réduit, la poussière du temps apporte une jeunesse à essuyer les plâtres mais quelle puissance extraordinaire ne renferme t-il pas !

Rude y gagne un hommage de sa ville en un concentré d’inspiration, de sublimation et de glorification d’une Histoire de France qui vous éclate en plein regard.


Musée Rude – 8 rue Vaillant – Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10 h à 17h – Entrée gratuite comme dans tous les musées de la ville de Dijon

Musée d’Art Sacré – 17 rue Sainte Anne

Ralliez-vous au dôme de cuivre vert, surmonté d’un globe à la croix dorée, pour trouver l’un des musées de la ville de Dijon le plus spirituel et magique qui soit à un mois de Pâques.

Musée d’Art Sacré – Eglise Sainte Anne – XVIIe siècle

L’église Sainte Anne, sainte patronne de Dijon, était le sanctuaire du monastère des Bernardines qui abrite aujourd’hui le musée de la vie bourguignonne.

Classée monument historique en 1945, et depuis désaffectée, elle est le réceptacle du musée d’Art Sacré, créé en 1979, afin de recevoir les objets ayant pour but l’expression du sacré.

Objets qui ne trouvaient plus leur place après Vatican II, où qui pouvaient être exposés, notamment dans les campagnes, aux vols qui se multipliaient alors.

Musée d’Art Sacré – Intérieur de l’église Sainte Anne – Autel en bois et marbre polychrome réalisé par le sculpteur dijonnais Jean Dubois (1625-1694)

Dijon est l’une des première ville à se préocuper du sort de ces objets, passant du cultuel au culturel.

Son créateur et premier conservateur est Jean Marilier (1920-1991), chanoine de la Cathédrale de Dijon, historien, médiéviste et conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Côte-d’Or (1970-1988).

Son travail considérable permet d’embrasser du regard neuf siècles, du XIIe au XXe, de l’art sacré en Bourgogne et de suivre à travers la peinture, la sculpture, l’orfévrerie, le mobilier et les ornements liturgiques l’évolution du goût et du culte souvent très différent de celui pratiqué de nos jours dans les églises catholiques.

Vierge à l’enfant, anonyme, bois polychrome, XIVe siècle, provient de l’église de l’Assomption de Vandenesse-en-Auxois

Le musée met aussi l’accent, par des objets et des panneaux éducatifs, sur la vie des moniales de différentes congrégations (Bernardines, Carmélites, Cisterciennes…), leur quotidien entre pratique religieuse et les différentes activités, dont l’éducation des jeunes filles.

Mais regardons d’un peu plus près certains objets, choisis pour leur histoire, leur aspect curieux ou ludique, pour leur richesse ou simplement pour leur beauté.

Commençons par Le petit roi de Grâce qui provient du Carmel d’autun.

Le petit roi de Grâce entouré d’ex-voto, plâtre peint, drap d’or, fourrure, pierres précieuses, verre taillé, perles, métal doré et bois, XIXe siècle, provient du Carmel d’Autun

Cette figure enfantine, aux traits d’un beau poupon richement vétu, trouve son origine au Carmel de Beaune dont les moniales, et particulièrement la fondatrice Marguerite du Saint-Sacrement, ont beaucoup prié pour que la Reine Anne d’Autriche, après 22 ans de mariage, ait enfin un Dauphin à offrir à la France.

Voeux exaucés le 5 septembre 1638, ce qui vaudra à ce Carmel les largesses royales .

Marguerite du Saint-Sacrement fera alors rayonner l’esprit d’enfance, entre le prince appelé à régner et le roi éternel, Jésus, créant une figure nouvelle dans la vénération christique.

Nous retrouvons ici l’une de ces figures, datant très certainement des débuts de la Restauration, qui a fait l’objet de dons et d’ex-voto, particuliérement de Croix de la Légion d’Honneur.

Dualité étonnante, de l’offrande d’un ordre à l’origine militaire, afin d’obtenir des grâces auprés de l’image du rédempteur des plaies du monde.

Autre curiosité, mystique : Un Paradis sous vitrine. Représentation miniature, où huit novices et quinze professes vaquent à leurs activités quotidiennes tandis qu’à une échelle sur-humaine, qui marque la supériorité divine, une Crucifixion domine le paysage bucolique.

Paradis, verre filé, verre soufflé, terre cuite, papier, bois, coquillages, végétaux séchés, gravure sur papier découpée et collée, XVIIIe et XIXe siècles, Provient du Carmel de Dijon puis de Beaune

Allégorie étonnante, entre le rêve spirituel et l’objet d’une foi ardente, à la représentation très médiévale, même si nous sommes au XIXe siècle, la grotte de Lourdes étant représentée juste au dessus de la Vierge.

Plus quotidien dans la pratique du culte, un fer à Hosties du XVe siècle, un outil au combien utile dans une congrégation.

Fer à Hosties, acier forgé et gravé, XVe siècle

On note aussi la présence de nombreuses reliques dont l’Eglise a abandonné l’usage lors des différentes réformes religieuses.

Reliquaire d’une côte de Saint Bernard, Abbaye de Clairvaux

Des meubles entiers sont les présentoirs de ces ossuaires mystiques.

Présence aussi de nombreuses statues de saints, de différentes époques mais toujours d’une grande qualité qui en a fait classer bon nombre par les monuments historiques.

Saint Sébastien, anonyme, bois polychrome, XVIIe siècle, Provient de l’église Saint-Bernard de Fontaine-lès-Dijon

Une bonne façon de les préserver des pilleurs-revendeurs.

Le musée d’art sacré expose aussi des objets liturgiques et de piété d’une grande richesse, par les matériaux et l’ornementation.

Dans le choeur des religieuses, la présentation particulièrement somptueuse de l’orfévrerie, par époque, permet de marquer l’évolution de la manière.

Orfévrerie, XIXe siècle, ciboires, burettes et plateaux, calices et paténes, argent et laiton doré

Se trouver face à ces vitrines étincelantes montre toute la magnificence et le décorum que l’Eglise, jusqu’au milieu du XXe siècle, a mis en place pour marquer le sacré de la plus belle des façons.

Prestige des métiers d’art qui a permis de faire vivre de nombreux artisans, tout en perpétuant des savoir-faire que des objets moins voyants n’auraient pas portés aussi haut.

Non loin de ces cascades de cristal et d’argent doré, on peut apercevoir l’objet le plus délicat du musée.

Un crucifix, avec son écrin d’origine, que le Pape Alexandre VII a offert à l’ex-Reine Christine de Suède qui venait de se convertir au catholicisme auprès du Souverain Pontife.

Crucifix dit de Christine de Suède (1626-1689), Reine de Suède (1632-1654) ; cristal de roche, coquille de coco, améthyste, rubis, diamant, lapis, agathe sardoine, or ; Italie, XVIIe siècle ; Provient de l’hôpital général de Dijon

Lors de son retour de Rome, la Reine Christine passe par Dijon, le 27 août 1656, reçue selon son rang et assez ravie de cet accueil pour l’offrir à un ecclésiastique, aujourd’hui inconnu, qui le revendit rapidement à l’Abbé Montcrif, chanoine et doyen de l’Evêché d’Autun.

On en perd ensuite la trace, pour le retrouver en 1742 acheté par Claude Joly, prètre de Saint-Nicolas de Chatillon, dont le petit-neveu hérite bien des années plus tard pour enfin l’offrir, en 1859, à l’hôpital général de Dijon afin d’être placé, à perpétuité, a proximité du tombeau du Bienheureux Bénigne Joly.

La perpétuité s’est éteinte dés le début du XXe siècle, pour des raisons de sécurité aux vues de la richesse de l’objet, et ce n’est que depuis 2012 que ce crucifix, papal et royal, est à nouveau visible, tout en étant toujours la propriété du CHU de Dijon.

Que de belles histoires ce musée ne recèle-t-il pas ?

Voyagez en Bourgogne sur le mode liturgique, découvrez le sens premier des objets cultuels et ressentez l’évolution des pratiques et des sensibilités religieuses.

Car le sacré, alliance de l’inaccessible et de l’espoir, porte en ce musée la clé de bien des bonheurs.

Le premier est de retrouver, par l’image, un principe essentiel de toute croyance : le sens des valeurs.

Jacques 1er Laudin, La charité de Saint Martin, Limoges, émail sur cuivre, après 1650, Dépot du Musée des Beaux-Arts de Dijon, collection Dard

Le musée d’Art Sacré de la ville de Dijon est classé Musée de France.

L’entrée est gratuite et ouverte tous les jours, sauf les mardis, ainsi que les 1er et 8 mai, le 14 juillet et les 1er et 11 novembre, le 25 décembre et le 1er janvier

Dijon à l’art européen

Le duché de Bourgogne se rêvait en son temps comme intermédiaire, marqueur artistique entre le royaume de France, le Saint-Empire romain germanique et les états souverains d’Italie.

Une utopie du XVe siècle qui se révèle depuis quelques années à Dijon dans le cadre d’une harmonie européenne culturelle, ciment fédérateur à une politique commune qui ne l’est pas toujours.

Mars permet donc de voyager au rythme des musiques transalpines et des films allemands.

Déjà la 12eme édition d’ITALIART, l’unique festival italien pluridisciplinaire de France.

Une manifestation populaire de qualité, aussi festive que créative pour des échanges humains, culturels et intellectuels chaleureux en mode Dolce Vita.

Théâtre, Opéra, musique (pop, jazz, rock, folk), expositions (peinture, photo, graphisme) et performances en tous genres…

Programme généreux à la Fellini, raffinés à la Visconti et ambigus à la Pasolini.

Daniela Corsini « Larthia »

Découvrez aux Halles les oeuvres photographiques picturales de Daniela Corsini, Pop Art numérique en archéovision, écoutez à l’ABC l’ironique et irrévérencieux Bobo Rondelli, chanteur-ambassadeur de sa Toscane natale, ou dégustez à l’Auditorium le « Simon Bocanegra » de Giuseppe Verdi, une histoire tragique entre amour et complot politique inspiré de Shakespeare.

Jusqu’au 31 mars l’offre est multiple, variée, joyeuse et fantaisiste : artistes de rue, photographes qui subliment la beauté, la Horla vue par une compagnie dijonnaise, chanteurs folk et artistes de jazz, de la rue Berbisey au Cellier de Clairvaux, des bars à l’hôtel de Vogüé, il y en a pour tous les appétits, pour toutes les bourses et tous les plaisirs… dans un programme complet à savourer ici.

Même diversité et même fougue avec la 4e édition de KINOSCOPE, festival de cinéma allemand organisé par, et au, cinéma Devosge avec les étudiants du BTS Communication du lycée Les Arcades.

Du 12 au 16 mars venez découvrir la nouvelle vague de réalisateurs allemands, dignes successeurs de Murnau, Ophuls ou Lubitsch qui ont contribué à la magie des salles obscures.

Dijon est depuis 1996 un centre majeur de la promotion et du développement des relations franco-allemandes, avec, particulièrement, la maison Rhénanie-Palatinat, 29 rue Buffon, qui propose tout au long de l’année expositions, conférences, concerts, cours de langue et diverses animations pédagogiques.

Ce festival est un élément supplémentaire à la découverte d’un pays voisin et néanmoins encore lourd de clichés.

Aussi, en dehors de la soirée d’inauguration nourrie de ceux-ci, à la bière, aux bretzels et aux würste, le premier film présenté « Western » est un manifeste anti-préjugés qui en appelle au sens de l’aventure pour oser l’ouverture.

Licht – Mademoiselle Paradis

Une programmation à contre courant des attentes qui démontre la richesse de fond et de forme du cinéma trans-rhénan, de « Mademoiselle Paradis« , en soirée d’inauguration, histoire vraie de la relation d’une pianiste aveugle et de son médecin qui tente de lui redonner la vue, à « Braqueur » récit d’un marathonien doué et voleur en série, en passant par la jeunesse de Karl Marx et l’explosion d’ego d’un critique musical, prêt à tout pour nous plonger « La tête à l’envers« .

Des films de quelques années à quelques mois aux avant-premières, pour rattraper son retard dans un cinéma allemand qui oscille entre son Histoire et les petites histoires, entre gloire et farce, aventures humaines de la combativité à la tendresse… Une occasion rare à ne pas manquer !

Autant d’invitations aux voyages immobiles qui ne nécessitent que quelques pas pour exploser son capital découverte.

Le Consortium – 37 rue de Longvic – Printemps 2018

La création est une offrande à ses rêves tout autant qu’un hommage aux époques et aux personnes qui les ont nourri.

L’imagination est une dynamite qui ne s’exprime pas sans l’étincelle qui a engendré l’imaginaire.

Jay DeFeo

Le Consortium, cette saison, nous fait voyager dans le temps par quatre expositions, révérences aux références, moteurs multiples d’une personnalité inspirée, admirations mouvantes du temps perdu à conquérir son idéal, nostalgies offertes aux fringales futuristes.

La première nous fait découvrir Jay DeFeo, femme, américaine, artiste de la matière, inspirée du tout, créatrice sans entrave.

Une liberté d’action, des années 50 à sa disparition en 1989, qui l’associe à la « Beat Generation » selon le terme inventé par Jack Kerouac en 1948, qui oscille entre « béatitude » et « fatigue » face à une société qui se jette furieusement dans la sur-consommation.

Jay Defeo en crée le manifeste plastique à charge avec « The Rose » une masse de peinture liée à du mica lentement élaborée de 1958 à 1966, passant par plusieurs stades, gagnant à chaque fois en taille et volume jusqu’à atteindre 3 m 27 de haut, 2 m 35 de large et 28 cm d’épaisseur pour plus d’une tonne de matière.

« The Rose » – Whitney Museum of American Art – New York

Une oeuvre obèse expulsée de l’appartement qui l’a vu naître, en même temps que sa créatrice, en cassant les murs et en utilisant un chariot élévateur.

Flower Power ultime d’une société sans limite, qui en fait l’oeuvre emblématique d’un monde occidental post-nucléaire.

Une énergie créatrice, visible ici en échelle réduite, par une série de peintures et de collages mis en perspective avec le travail de onze artistes de la nouvelle génération entrainés par cette vague toujours en mouvement.

La ligne, la matière, les motifs, les références à l’histoire de l’art et aux médiums originaux se trouvent multipliés en effet de miroir confronté.

Ugo Rondinome transforme la toile en mur trompe-l’oeil, jute noircie en effet de briques, faux-semblant symptomatique de nos fantasmes et réalités de séparations passées et à venir.

Oscar Tuazon, veut quant à lui, reconstituer le mur détruit pour évacuer « The Rose« , porteur autant que l’oeuvre sauvegardée de l’acte créatif.

Gay Outlaw se nourrit de références classiques, cercle parfait de Giotto, en sucre ambré, caramel concentrique qui ne tardera pas à l’époque du réchauffement climatique à enduire les murs d’une substance calorique.

Wyatt Kahn se plie à l’ambiguïté peinture-sclupture en formes de plomb imbriquées dans une géométrie picturale écho à ses dessins pris de reliefs sous-jascents.

Et Tobias Pils, invité de la précédente exposition du Consortium, graffite les toiles d’encre dont les lignes épurées ne dissimulent pas longtemps les objets d’une libération sexuelle archétypale de la « Beat Generation« .

Autant de clins d’oeil à l’art de la liberté initié par Jay DeFeo qui se joue des limites pour mieux les réinventer.

Deuxième exposition et autre artiste à repousser les extrêmes, Rebecca Warren présente son travail bouillonnant et technicolor.

Des totems expressifs, odes brutales par leur texture à une féminité affirmée sans tomber dans les clichés de courbes quasi-machistes.

On retrouve dans ses oeuvres, d’argile, de bronze et d’acier soudé les silhouettes graciles de Giacometti taguées de teintes pastel.

Deux mondes qui s’entrechoquent, deux clichés, de la minceur et du mignon, qui collent aux femmes dans une normalisation illustrative.

Ainsi, Rebecca Warren en mélangeant les poncifs nous montre des créatures torturées qui agissent entres elles, dans une harmonie plus complexe qu’au premier regard.

Une manière habile de donner de la profondeur aux apparences.

Troisième exposition, « Southern Garden of the Château Bellevue » du jeune artiste américain Matthew Lutz-Kinoy nous entraîne dans un revival rococo à la française.

Une série de toiles décoratives réalisées pour la grande galerie du premier étage du Consortium et inspirées par les salles dédiées au peintre François Boucher dans le musée de la collection Frick à New-York : des panneaux muraux représentant des enfants jouant aux adultes.

Tout l’art de vivre du XVIIIe siècle s’y retrouve, du tracé des jardins à l’anglaise, aux teintes délicates, blond, bleu, rose et orangé, en passant par les scènes naturalistes et les chairs généreuses plus ou moins disloquées…

Car ces toiles témoignent aussi d’un certain libertinage homosexuel, inspiré cette fois des dessins érotiques de Cocteau et de son fameux « Livre blanc« , fantasmagories de marins enchevétrés et de michetons prêts à satisfaire tous les fantasmes de ces messieurs.

Matthew Lutz-Kinoy réussit à rendre le tout agréable à l’oeil et à renouer superbement avec l’art de l’ornement, créateur d’une atmosphère raffinée telle qu’il n’en existait plus depuis Cocteau et la période faste des grands bals et fêtes dans les demeures de ses riches amis, la villa blanche à Tamaris ou la villa Santo-Sospir de Francine Weisweiller à Saint-Jean-Cap-Ferrat.

Une époque disparue qu’il est toujours agréable de voir réapparaître au détours d’une galerie.

Il serait donc dommage de ne pas continuer la découverte de ces mondes perdus avec la dernière exposition : « My Colorful Life » de Pierre Keller.

Cet ancien directeur de l’ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne (1995-2011) a construit son art à une époque où la rue, les clubs et les backrooms étaient les principales sources d’inspiration.

Ne lachant pas son appareil photo, bien avant que ce ne soit un geste machinal, il a conservé la mémoire de plaisirs qui ne devaient être qu’éphémères.

Cet art du dévoilement se retrouve ici dans les nombreux polaroïds d’une époque définitivement close, celle d’une insouciance tant cérébrale que sexuelle, l’un entraînant certainement l’autre, où apparaissent les génies répondant aux noms de Warhol, Haring ou le bel anonyme au talent particulier.

Des images plus suggestives que pornographiques, qui ne laissent pas le goût amer d’une expérience interdite qui finit mal.

La jouissance du passé est comme en suspend et peut encore se vivre aujourd’hui, là est l’art de Pierre Keller, avoir fixé à jamais cette courte période de liberté totale, entre l’affirmation gay de Stonewall et l’apparition du sida.

12 à 13 ans d’une vie débridée, performance mortifère dont ces polaroïds témoignent encore de sa raison d’être.

Quatre expositions liées dans un jeu de mouchoir, entre émotion, agitation et recyclage d’un art qui se doit de provoquer demain.


Expositions à voir jusqu’au 20 mai, plus de renseignements ici.

Nuit de la lecture

Rue Berbisey.

Un Hôtel particulier.

Un appartement traversant entre rue bitumée et cour pavée.

Oliver Twist d’un côté, Oriane de Guermantes de l’autre.

Deux univers, deux pages ouvertes, d’une fenêtre à l’autre, pour suivre à la lettre des aventures antinomiques et pourtant complémentaires de vos nuits de lecture.

Un exemple parmi tant d’autres de ces plaisirs solitaires, péripéties de couette, aventures cocoonées et voyages-pages multipliés que les livres offrent à ceux qui se donnent la peine de les ouvrir.

Un effort qui ne résiste pas toujours à la facilité des tablettes même si ces dernières se transforment facilement en bibliothèque d’Alexandrie, riches d’une quantité de volumes facilement inflammables.

Aussi, pour la deuxième année en national et troisième en métropole dijonnaise, après une nuit des bibliothèques en 2016, les temples de la littérature fourbissent leurs armes de papier, leurs encres sympathiques, éclipse des clichés, et une pléiade d’auteurs, vivants, conviviaux et étonnants pour transformer deux nuits en promotion chromatique de la lecture.

« De toutes les couleurs » est le mot d’ordre, loin des crises de la page blanche le mouvement est festif, poétique, familial, ludique et quelquefois animal, comme le caméléon d’une compagnie (« En Noir et Blanc ») qui cache bien son jeu… (Samedi 16h30 à la bibliothèque de Quetigny).

Archives Départementales de la Côte-d’Or

Carte blanche, quiz, apéro dinatoire, histoires à foison, visite à tâtons (Aux Archives départementales, samedi à 18h30 et 20h30), pique-nique multicolore, concerts, contes, danse, breakdance, dégustation littéraire…

Mots sucrés et paroles de miel pour envol d’abeilles curieuses de ces riches fleurs lointaines qui ont souvent le tort d’être plus décrites que dessinées.

Autant d’animations dans les bibliothèques et librairires invitées, qui tendent à redonner au choc des photos le poids des mots et aux cellules grises les couleurs que l’imagination des auteurs y font irrémédiablement exploser.

Une occasion unique dans l’année de faire partager ses plaisirs avant de se replonger dans son roman, son étude, sa poésie préférée et se reposer sur les mots enfin délivrés.


Programme complet de la nuit de la lecture en métropole dijonnaise ici .

Dijon dans les étoiles…

Dijon est par la gastronomie, les vins de Bourgogne et un patrimoine riche et varié, une des villes de France les plus agréables au niveau des plaisirs terrestres.

Un art de vivre, flatteur des sens, qui a longtemps éclipsé sa position majeure en Europe dans les découvertes célestes, une cité au-delà des nuages que l’Office du Tourisme du Grand Dijon invite à redécouvrir avec la Société Astronomique de Bourgogne.

Suivez le guide en costume XVIIIe, au gilet parsemé d’étoiles et de croissants de lune, montez 350 marches de la Tour Philippe le Bon, phare de Dijon, et pénétrez dans une pièce qui fut en son temps l’épicentre des sciences européennes.

Commence alors un voyage dans le temps, solaire, intergalactique, historique, savoureux par les anecdotes et les explications scientifiques d’Eric Chariot, responsable du développement et animateur de la Société d’astronomie bourguignonne.

Au-dessus de tous vivez à l’heure des astres et découvrez pourquoi le soleil frappe la méridienne, ligne au sol de métal et de marbre blanc, pour indiquer midi alors qu’à votre montre il est 12h40.

Un décalage espace-temps favorable pour faire connaissance avec les scientifiques des lumières, les astronomes Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande, l’abbé Bertand ou Jean Fabarel, premier directeur de l’observatoire situé dans cette pièce, et sur le toit terrasse de la tour, de 1783 à 1940.

Fermez les yeux et imaginez ce lieu équipé des plus beaux instruments d’astronomie, comme le téléscope de William Herschel, inventeur d’Uranus, qui traversa la France en août 1789… Où d’autres objets utiles à la géographie et à l’astronomie encore conservés  aujourd’hui à l’Université de Bourgogne.

Une richesse d’évasion pour grandes explorations concentrées dans quelques mètres carrés, les plus magiques en souvenirs et imagination de la capitale bourguignonne.

Le plein d’aventures, le nez aux vents curieux, pour transmettre aux nouvelles générations ce goût de l’inconnu et transformer le visiteur en acteur, dans une salle appellée à s’étoffer.

Une occasion nouvelle à travers cette visite théatralisée de redonner corps à l’une des fonctions premières de la tour.

Voulue par le duc Philippe le Bon, donjon symbole médiéval de la puissance du seigneur sur ses états, elle aurait pu être dès le départ, au-delà du pouvoir temporel l’objet innovant d’une des cours les plus prestigieuses de l’Europe du XVe siècle.

Théorie séduisante d’un édifice dès l’origine dédié à la science, ce qui en ferait le plus ancien observatoire  d’astronomie en Europe, un donjon élevé pour éclairer les mystères de la nuit, dont certains ornements donnent peut-être raison à cette pratique…

Une visite qui chamboule les principes et les conceptions de notre univers quotidien, dédiée aux groupes d’enfants et aux scolaires, elle leur permettra d’observer le ciel et d’y voir plus loin que le bleu et le gris d’une météo basiquement duelle.

Ouverte aux visiteurs individuels pour le solstice d’hiver (20 et 21 décembre) elle ouvre les regards sur un Dijon scientifique grâce à un feuillet quizz qui invite à lever les yeux au ciel comme signe d’une passion à réexplorer dans une ville à la fois gastronomique et astronomique.


Office de tourisme du Grand Dijon : ici et …

+ 33 (0)3 80 44 11 41  /  visites@ot-grand-dijon.com

Opéra en fêtes – 11 boulevard de Verdun

Ces temps de fêtes sont propices aux sorties familiales, aux traditions et au divertissement.

Trois éléments réunis dans les deux spectacles de fin d’année de l’Opéra de Dijon.

N’hésitez plus, poussez la porte d’une institution qui peut encore impressionner même si elle offre toutes les conditions de satisfaction inter-générationnelle.

LA VERITABLE HISTOIRE DE CASSE-NOISETTE

Le spectacle de Noël par excellence d’après le livret d’Alexandre Dumas et la musique de Tchaïkovski interprétée par l’Orchestre Dijon Bourgogne sous la direction de Gergely Madaras.

Une histoire à se transmettre pour frissonner devant les manoeuvres sournoises du roi des souris et rêver devant le destin exceptionnel de Nathaniel transformé en pantin de bois, casse-noisette, par le rongeur assoiffé de vengeance.

Un moment nostalgique remis au goût du jour avec pour la première fois, à l’Opéra de Dijon, une expérience transmédia mêlant spectacle vivant et application numérique.

Une appli imaginée par la musicologue et médiatrice Géraldine Aliberti et offerte au public du 13 au 16 décembre afin d’accéder à des clés de lecture et d’écoute avant le spectacle.

Une occasion unique d’allier le noël d’antan et la magie des arts de la scène à un objet numérique autonome relié au spectacle pour une compréhension accrue et l’opportunité de faire vivre l’oeuvre au delà des limites de la salle, par des jeux sonores et musicaux, des titres du ballet et une histoire interactive à transposer dans son quotidien.

LES CONTES D’HOFFMANN

Autre classique de fin d’année remis au goût des nouvelles technologies et sensibilités artistiques, les Contes d’Hoffmann, chef-d’oeuvre d’Offenbach, prend un tour tragique par l’énoncé du sous-titre : « Laissez-moi hurler et gémir et ramper comme une bête« .

Dans sa chambre d’hôtel la cantatrice Stella s’apprête à rejoindre la scène où elle doit interpréter le rôle de Donna Anna du « Don Giovanni » de Mozart.

Une dispute a lieu avec son amant, le poète Hoffmann, dont l’égo artistique a du mal à supporter le succès de sa maîtresse.

Elle lui pardonne par un petit mot, subtilisé par l’agent artistique de la cantatrice qui voit d’un mauvais oeil cette relation inégale.

Hoffmann dans le doute et sous les effets conjugués de l’alcool, de la dépression et du délire poétique, commence alors à sombrer dans un univers irréel dans lequel sa maitresse prend tour à tour l’aspect de trois femmes : Olympia, l’automate qui s’effraye de se sentir humaine, Antonia, l’amoureuse qui meurt de chanter, et Giulietta, diva légère et perverse qui cherche à lui voler son reflet…

Une théâtralité à prendre à bras le corps par tous les metteurs en scénes qui s’y sont essayés avec plus ou moins de succès.

Ici, le parti pris de Mikaël Serre est de considérer que notre époque est d’un duel trouble, où le réel et la vérité n’ont plus d’importance face à nos personnalités à la fois mécaniques et virtuelles.

Ce qui était étrange, glaçant, loufoque, impossible ou absurde au XIXe siècle est aujourd’hui de l’ordre du possible, du futur proche, voire du présent.

Ainsi se mélange le théâtre, la vidéo et les créations sonores pour une expérience qui ne fait que refléter notre quotidien… A disséquer et déguster du 14 au 23 décembre.

Deux spectacles entre tradition et réflection, voir réflexion de notre façon d’être et d’assimiler la fiction d’hier pour construire aujourd’hui.


Opéra de Dijon – 03.80.48.82.82 – http://www.opera-dijon.fr/

Musée Magnin – Exposition « Exquises Esquisses » – 4 rue des Bons Enfants

« Exquise esquisse. Délicieuse enfant. (…) Oh mon bébé mon âme » (Serge Gainsbourg – Lemon Incest – 1984)

Une accroche populaire pour la nouvelle exposition du Musée Magnin, aux origines de la création : « Exquises Esquisses – Du projet à la réalisation« .

Ambivalence harmonique et ébauche du fini, l’esquisse apparaît chez les peintres vénitiens de la Renaissance comme une notation générale de la composition avant de devenir une règle, un passage essentiel à partir du deuxième tiers du XVIIIe siècle, époque où le sensible se doit de répondre à la raison.

Le Christ soutenu par deux anges, 2de moitié du XIXe siècle

L’amateur d’art veut suivre le processus d’élaboration, l’idée en mouvement, l’imagination au pouvoir avant d’admirer l’oeuvre finie, symbole de perfection.

Le XIXe siècle va croissant dans la perception des qualités propres de l’artiste, dans ce premier jet, cette esquisse, qui ne saurait mentir sur le génie de son créateur.

Les grands mouvements se succèdent alors, du sentimentalisme Romantique, au Réalisme essentiel, jusqu’à l’Impression comme -isme de la vérité au-delà du visible.

Même les peintres plus classiques, dit à la fin du siècle « Académiques », qui se refusent à l’ébauche comme un style en soi, vu comme une facilité dégradante, nuisible à la fécondité, n’hésitent pas à vendre aux amateurs d’art les esquisses de ces peintures d’histoire qui font le succès du Salon officiel.

Ainsi la famille Magnin, bourgeoise sans faire partie de l’élite dijonnaise, peut acquérir des oeuvres dont les proportions s’adaptent à un petit Hôtel Particulier et dont les sujets, divers et variés, s’harmonisent du sol au plafond selon l’accrochage en vigueur à cette époque.

Abondance et éclectisme de l’amateur qui n’empêche pas la qualité, ce qui permet au musée Magnin, avec la Réunion des Musées Nationaux, de confronter les esquisses, bozzetti (premières pensées) ou modelli(Esquisses finies que l’on présente au commanditaire), aux oeuvres définitives conservées dans les plus grands musées, églises ou palais.

Ainsi le modello de « La Mort d’Achille » par l’atelier de Pierre Paul Rubens, répond à une tapisserie dont il était la base de travail pour les tisseurs.

La Mort d’Achille, Rubens et atelier, huile sur toile, 45,3 x 46 cm, Dijon, musée Magnin

La composition est théâtralisée, dernier épisode de la vie du héros, où attiré traîtreusement dans le temple d’Apollon Thymbrien dans l’espoir d’un mariage avec la princesse de Troie, Polyxène, il meurt sous la flèche de Pâris, guidé par le dieu lui-même.

La Mort d’Achille, tapisserie par Gérard Peemans, laine et soie tissées, 410 x 427 cm, Anvers, Rubenshuis (Maison de Rubens)

La morale figure au pied d’Achille : la ruse symbolisée par le renard vient à bout de la grandeur incarnée par l’aigle.

Entre le modello et la tapisserie la scène est inversée en raison de la technique utilisée (Basse Lisse) et on distingue quelques libertés prises par l’artisan lissier, dans le museau du renard ou la chevelure de Pâris, même si tous les élements initiaux s’y trouvent fidèlement représentés.

S’en suit dans cette partie de l’exposition une « chasse aux 7 erreurs  » sur 14 paires du XVIIe au XIXe siècle.

La première est la constatatation d’une « chaleur » de l’ébauche, geste et pensée liés, opposée à la « froideur », voir « fadeur » du résultat, plus lissé et ne résistant pas à notre jugement artistique moderne, plus habitué à la fougue créatrice des petites touches de l’artiste, même si la perfection vernie apporte une sérénité devant laquelle on peut se plaire à méditer.

Eberhard, comte de Wurtemberg, pleurant devant le corps de son fils, ou Le Larmoyeur, huile sur toile, 1833-1834, Dijon, musée Magnin
Eberhard, comte de Wurtemberg, pleurant devant le corps de son fils, ou Le Larmoyeur, Huile sur Toile, Entre 1834 et 1836, Paris, Musée de la Vie Romantique

A l’étage la comparaison se fait entre les esquisses conservées dans les collection et les photographies d’oeuvres qui n’ont pas pu faire le déplacement pour des raisons de droits, de taille ou de nature (peinture murale) impossible à déplacer.

L’occasion de découvrir certains chefs-d’oeuvres présentés au prix de Rome, un concours de prestige qui mettait l’esquisse au même niveau de jugement que l’oeuvre aboutie. (Cf. ci-dessous)

Auguste Lebouy (1812-1854), Les frères de Joseph rapportent sa tunique à Jacob, 1841, huile sur papier marouflé sur carton, Dijon, musée Magnin

Enfin, la troisième partie de l’exposition, dans l’oratoire et le pré-oratoire, donne une idée de la profusion d’esquisses de la collection Magnin, installée selon l’accrochage généreux d’un cabinet d’amateur du XIXe siècle.

Ces oeuvres d’étude n’ont pour la plupart pas connu de réalisations finales, ou elles sont tout du moins aujourd’hui perdues ou non localisées.

Des peintures à la manière « enlevée » qui se suffisent aussi souvent à elles-même, dès le début du XIXe siècle, dans des pays moins teintés d’académisme, comme l’Angleterre, pour gagner peu à peu le continent.

Elles sont aussi dans les ateliers le fruit d’un apprentissage, un exercice pour appréhender l’art de la composition.

Autant de sources d’origine qui donne à cet accrochage une énergie d’idées en suspend pour l’éternité, certaines sous couvert d’anonymat et d’autres aux noms prestigieux comme Jean-Baptiste Corneille, Jacob Jordaens, Anne Louis Girodet, François Gérard ou Eugène Isabey.

Attribué à Jean Broc (1771-1850), Ulysse chez les Phéaciens, vers 1800-1805

Une exposition qui, une fois de plus, éveille la curiosité, aiguise le regard, aide à observer et invite à comprendre les subtilités d’une collection discrète, exquise esquisse de l’Histoire de l’Art universel.


Une exposition à voir jusqu’au 18 mars 2018, du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h30.

Plus d’informations : ici


Oeuvre d’ouverture : Domenico Maria CANUTI (?) (1625-1684), Le Christ soutenu par des anges, fin du XVIIe siècle

FRAC Bourgogne – FREE THE WOMEN – 16 rue Quentin

FREE THE WOMEN

Une exposition slogan comme un début de solution à la question imprimée par  Maria Grazia Chiuri, la nouvelle directrice artistique de Dior, sur une marinière de sa dernière collection hommage à Niki de Saint Phalle : « Why have there been no great women artists ?« .

Le FRAC Bourgogne dans ce vent féministe, quelquefois aussi radical que le mal à éradiquer, nuance le propos par ce titre, nouvelle signification soft à l’acronyme antisocial de la contre-culture biker, F.T.W. : Fuck The World !

Clin d’oeil aux questions et affirmations extrêmes cette installation prône la liberté à la française par la voie de la parité : 6 artistes, 3 hommes et 3 femmes en confrontation directe et frontale au-delà du sexe, de la génération et de l’inspiration.

Le travail des trois artistes masculins (Jean Dupuy, Matias Faldbakken et Steven Parrino) déjà vu en 2016 lors de l’exposition « here / there / where » y gagne une perception nouvelle dans ce discours sans parole avec les oeuvres d’Anita Molinero, Emilie Ding et Nancy Rubins, pour certaines toutes récentes acquisitions du Fonds Régional d’Art Contemporain de Bourgogne.

Le langage plastique et visuel y gagne une expression nouvelle, loin des clichés de l’artiste féminine aquarelle, par une présence forte et essentielle au dialogue artistique comme l’a prôné toute sa vie Steven Parrino (1958-2005), artiste hors cadre, provocateur et biker jusqu’à la fin, qui a inspiré ce nouveau F.T.W.

Lee Marvin/Marlon Brando, 1990, collection Le Consortium

Son travail dès la fin des années 70 est de secouer la peinture alors déclarée morte, de détacher la toile devenue civière pour lui redonner du relief.

Lee Marvin/Marlon Brando (Détail)

Ces « peintures déformées », monochromes froissés, apportent de la matière, effets inédits que l’on retrouve chez les trois artistes féminines de l’exposition.

Anita Molinero (1953) a tiré de ses difficultés d’apprentissage de la sculpture la force de la confrontation à l’inconnu de l’art. En résulte des oeuvres dont la puissance émane de l’irréversibilité du geste, de ces plastiques qu’elle coupe, brûle et lacère jusqu’aux limites de la forme.

Sans Titre (La Rose), 2003, collection FRAC Bourgogne

Un mix entre apparence sucrée, barbe à papa et guimauve, et réalité de matériaux toxiques et pérennes, polystyrénes transformables mais infiniment indestructibles.

Sans titre (La rose) – (Détail)

La même démarche de transformation industrielle anime Emilie Ding (1981), l’artiste suisse adepte des formes structurelles issues du BTP et de l’architecture moderne.

« Marquisats V« , monolythe de béton, exprime son goût pour les modifications techniques, les formes concrètes et les matériaux bruts qu’elle malmène.

Marquisats V, 2015, collection FRAC Bourgogne

Rondeur du graffiti opposé à la masse rectiligne du béton, comme un condensé de la double expression urbaine, réglementaire et contestataire.

Marquisats V (Détail)

Motif expressif que l’on retrouve dans ses derniers travaux en feutre aux abstractions calcinées, comme bitumées.

Untitled (Neutra), 2016, courtesy Xippas Galleries – Untitled (Gran Torino), 2016, courtesy Xippas Galleries

Le matériau d’isolation phonique doit voir sa structure changer pour s’exprimer, prendre du relief et rompre avec son minimalisme structurel.

Untitled (Gran Torino) – (Détail)

Une existence feutrée, qui comme les plastiques d’Anita Molinero, naît de la destruction maitrisée.

Nancy Rubins (1952), la troisiéme artiste exposée, questionne aussi la nature des techniques.

Même attitude monochrome, même faux semblants qui demandent au visiteur d’y regarder à deux fois pour essayer de comprendre la matière et la démarche.

Drawing, 2003, collection FRAC Bourgogne

Artiste habituée des sculptures monumentales, assemblage de détritus et de matériaux divers, l’oeuvre exposée ici ressemble à un morceau de tôle brute, élément métallique tiré d’un avion ou d’une voiture.

Pourtant il s’agit d’un dessin au graphite sur papier épais, qui romp avec la perception classique de la peinture et de la sculpture, du mécanique et du manuel, de la technique industrielle et artistique.

Drawing (Détail)

Trois artistes féminines qui savent se jouer des apparences et d’une perception souvent biaisée de la réalité comme un pied de nez à leur propre statut de femme, inventive, radicale, forte et monumentale dont la notoriété pâtit encore des clichés.


Exposition à voir jusqu’au 18 mars 2018

Ouverture de deux nouvelles salles à partir du 17 janvier 2018

Renseignements au 03.80.67.07.82


Oeuvre d’ouverture (détail) : Anita Molinero, Croûûûte Criarde, 2016, courtesy Galerie Thomas Bernard – Cortex Athletico