Ma Belle Parfumerie – 6 rue Vauban – Trudon

1897, Jules Renard écrit dans son journal, en ce début  novembre :

« Notre intelligence, c’est une bougie en plein vent« .

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Spiritus Sancti – Illustration de Lawrence Mynott pour la maison Trudon

Cette flamme, toujours dansante, symbolise cette vivacité d’esprit qui anime les plus exigeants.

Et quand le quotidien nous oblige, trop souvent, à nous résigner, n’invitez pas chez vous une bougie parfumée qui enfonce la méche dans la médiocrité.

Respirez, vivez !

Ma Belle Parfumerie vous invite à sentir, chez vous, l’odeur de vos plus hautes aspirations, avec les bougies TRUDON, dont elle est la dépositrice exclusive en Bourgogne.

TRUDON éclaire l’Histoire de France depuis 1643.

Et vous pouvez illuminer votre histoire personnelle avec leurs chandelles, blanches ou colorées, en cire de haut degré de pureté, qui ne coulent pas et ne fument pas.

Et avec leurs cierges, aux teintes pastels ou électriques, ornés d’un camée doré aux profils Pompadour, ou Napoléon 1er, en souvenir de celui que l’Empereur commanda en 1811, chez TRUDON, à la naissance de son fils (L’Aiglon), orné de trois piéces d’or à son effigie.

Cette maison vénérable, par sa devise, « Deo regique laborant » – « Elles travaillent pour Dieu et le Roi« , rend hommage aux butineuses qui ont fait sa réputation, mais surtout à sa propre énergie de réinvention.

A une époque où la bougie n’est plus une nécessité mais un plaisir, et dans un monde où, désormais, le peuple est roi et l’image omniprésente, il fallait unir la qualité à l’originalité subtile.

Ainsi, depuis pratiquement dix ans, TRUDON s’est mis au parfum, à travers une collection de bougies aux senteurs souveraines, spirituelles ou aventuriéres, toujours inspirées, jamais effacées.

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Le réceptacle, comme un seau à champagne de verre, fabriqué artisanalement à Vinci, couleur sous-bois, s’ennoblit des armes de la maison ciriére à la ruche dorée.

Simple et efficace pour recevoir des senteurs dignes des plus grandes maisons de parfum.

En cela TRUDON a révolutionné l’univers de ces verrines odorantes, nées dans les années 1960, et généralement limitées à l’odeur d’une simple fleur.

En 2007, TRUDON s’inspire, dans ce milieu particulier, de l’esprit aventurier du parfumeur Ernest Beaux, créateur en 1921 du n°5 : « Je ne veux pas de rose, de muguet, je veux un parfum qui soit un composé« .

Une odeur fabriquée, sophistiquée, élaborée par des parfumeurs de renom, qui exploite plus l’esprit que l’évidence.

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Solis Rex, illustration de Lawrence Mynott pour la maison Trudon

Ainsi, Solis Rex, évoque les parquets cirés de Versailles illuminés par l’astre-roi, Byron, entraine dans une poétique harmonie boisée aux notes de Cognac, et Pondichéry, vous transporte au milieu d’un marché aux fleurs indien.

Laissez-vous transporter, dans l’espace et dans le temps, par ces effluves voyageuses, et par les illustrations qui les accompagnent.

Byron, illustration de Lawrence Mynott pour la maison Trudon

Oeuvres de Lawrence Mynott, illustrateur et portraitiste britannique, qui donnent, à ces bougies, une premiére image pleine d’esprit décalé :

Solix Rex s’éblouit lui-même, Byron se morfond d’inspiration sur son ordinateur portable et à Trianon, Marie Antoinette est coiffée d’une brioche… Les pamphlétaires ont la dent dure !

Il est donc temps d’allumer la mèche pour construire votre propre univers.

TRUDON se réinvente et la collection s’enrichit au fil des saisons.

L’été dernier nous étions invités à Cyrnos, la superbe villa, aux aromes méditérannéens, de l’Impératrice Eugénie, au Cap Martin. (Illustration en début d’article)

Une croisière olfactive déjà devenue un classique, agrumes et lavandes habillés du vert du thym et de la myrte.

Cette année, les beaux jours sont dédiés à la découverte de belles matières issues d’expéditions aux trésors dont le réceptacle se teinte du bleu des mers du sud.

Illustrations de Lawrence Mynott pour la maison Trudon

Tadine, est un hommage au santal découvert en 1840 sur l’île des Pins, en Nouvelle-Calédonie. Un bois épicé offert au bien-être du corps et de l’âme pour conjurer les angoisses entre pins maritimes et eaux translucides.

Maduraï, célèbre le jasmin, fleur d’Arabie que le duc de Toscane introduisit dans cette ville du sud de l’Inde en 1690. Un hommage de l’Occident à une cité dont la terre fut, selon la légende, bénie du nectar divin s’échappant de la chevelure du dieu Shiva.

Reggio, évoque les mandariniers d’Indochine débarqués en Calabre en 1828. Depuis, ces fruits riches en huiles essentielles se mêlent aux oliviers millénaires pour offrir à la Dolce Vita des paysages odorants dénués d’amertume.

Trois bougies voyageuses, qui donnent un surcroît d’exotisme aux douces soirées d’été.

Pour un usage plus intime Trudon propose des objets de désir, écrins précieux d’odeurs qui s’exhalent en beauté.

Tels des vaporisateurs à poire, dignes du boudoir d’une cocotte, qui glamourisent à merveille votre espace minimaliste.

Autre objet de frisson, le « Must have » à suivre : La promeneuse.

Dessinée par Pauline Deltour, diplomée des arts décoratifs de Paris, ce brûle-parfum, merveille de céramique, de laiton et de verre cannelé, est le réceptacle chauffant d’un camée de cire qui, au fil de la soirée, fond et parfume, délicatement, votre intérieur.

C’est à ce genre d’objet que l’on reconnait les maisons d’exception.

La cire éclaire, parfume et décore, de quoi orner votre salon de bustes prestigieux.

Des classiques de la sculpture : Louise et Alexandre de Jean-Antoine Houdon, La Révolte de Carpeaux, ainsi que des personnages historiques, comme Benjamin Franklin, Napoléon, Marie-Antoinette et le nouveau venu, magnifique en bleu marine, Louis XIV, dominant son monde dans cette Belle Parfumerie.

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Allez-y pour les conseils avisés de Caroline, mais surtout pour ne pas vous tromper, c’est bien connu, les goûts et les odeurs ça ne se discute pas.

Aussi venez, sentez, misez, et profitez, chez vous, en toute tranquilité, d’un univers éthique au service de votre bien être.


A noter deux bougies parfumées en accord avec deux événements dijonnais qui demandent à être mis au parfum avant tout choix contradictoire ou complémentaire :

Odalisque – « Eclat solaire des agrumes qui jaillit comme une lame d’acier dans l’ombre soyeuse de la vanille »

Odalisque, illustration de Lawrence Mynott pour la maison Trudon

Avant-goût d’une scène de plaisir évoquée par les livres des collections patrimoniales de la bibliothèque de Dijon.

Amour, seXes et volupté du XVIIIe siècle à nos jours dans l’univers léché des gravures libertines, cartes postales kitsch, livres d’artistes, curiosa, Enfer et autres merveilles du fonds gourmand…

A découvrir, entres autres surprises érotiques, jusqu’au 1er juillet, rue de l’école de Droit.

Carmélite – « Une évocation de la paix de l’âme et de la nuit des temps »

Le 16 octobre dernier a vu la canonisation, par le Pape François, d’Elisabeth de la Trinité, du Carmel de Dijon, dont les reliques sont conservées en l’église St-Michel.

Le Consortium – 37 rue de Longvic – Exposition « Truchement »

1977 a vu l’art contemporain exploser à la face d’une France giscardienne peu encline aux changements esthétiques.

Beaubourg, voulu dès 1969 par un président de la République en phase avec les créations de son époque, est à la fois un centre polyculturel, un défi lancé par l’exécutif à l’académisme des institutions culturelles d’Etat et une réponse éclairée aux événements de mai-juin 1968.

Quarante ans après son inauguration en tant que centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, son architecture « industrielle » due à Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini étonne toujours et attire plus de trois millions de visiteurs par an, entre la première collection d’art contemporain et actuel d’Europe (La deuxième au Monde après le MoMA de New-York), les galeries d’expositions temporaires, les salles de spectacle et de cinéma et la première bibliothèque publique de lecture en Europe.

Une influence sur les créations artistiques récentes et se faisant qui a amené à créer une antenne décentralisée à Metz, une annexe, Centre Pompidou provisoire, à Malaga (Andalousie) et à collaborer avec la région de Bruxelles-Capitale pour élaborer un nouveau centre dès 2020.

Centre Pompidou à Malaga

Occasions multipliées de montrer au public sa collection d’environ 120 000 oeuvres dont seules 10% sont actuellement visibles.

L’anniversaire participe de cette ouverture d’esprit qui en 40 villes de Province et de Martinique célèbre une réussite française à l’internationale.

Les spectacles vivants, retrospectives  cinématographiques, performances et expositions sont autant de bougies éclairantes de cette pièce montée créative.

Rodez accueille Soulages, la Piscine de Roubaix se fait l’éloge de la couleur comme outil de construction de l’environnement, Tours déclare « Düsseldorf, mon amour » et Chambord plonge en aventure du regard… (Programme complet)

A Dijon la part de gâteau est double puisque 40 bougies célèbrent aussi l’évolution d’une association alternative, le Coin du Miroir, entre contre-pouvoir et lieu de parole indépendant, en Centre d’Art reconnu et respecté : Le Consortium.

Ancienne usine L’Héritier Guyot à l’architecture post-Bauhaus

1977-2017 : Plus de 230 expositions in situ, 90 expositions hors les murs dans 21 pays, une collection de 300 oeuvres d’artistes internationaux et toujours cette volonté d’enrichir le patrimoine public en matière d’oeuvres contemporaines puisqu’une partie de la collection est en cours de donations à la ville de Dijon, par le biais du Musée des beaux-arts.

Un double anniversaire entre deux centres d’art contemporain dont la différence d’échelle ne fait pas oublier le langage commun.

L’exposition « Truchement » présente des oeuvres dont l’histoire leur est commune, un album de famille dont la mémoire se nourrit de gestes créateurs et expressifs.

Il s’agit surtout de trilogues, entre les deux institutions et l’artiste, entre découverte, exposition et achat, ces oeuvres participent d’une démarche triangulaire dont le public est le grand bénéficiaire.

L’exemple parfait de cette alliance des trois temps, passé, présent et futur, est l’installation de On Kawara, premier artiste japonais qui a su donné à la pensée de son pays une forme contemporaine et productive pour l’Occident, ses date paintings se lient à une sculpture d’Alberto Giacometti (Femme debout II, 1959-1960) qui appartient au Centre Pompidou.

Ces dates peintes d’On Kawara étend le présent (La date correspond au jour de sa réalisation) au passé (Par la technique d’apprentissage et de réflexion nécessaire pour arriver au présent) et au futur (Nous, observant ce présent figé par une date).

Le parallèle avec la sculpture de Giacometti renforce cette alliance des temps puisque elle indique le mouvement comme présent intemporel, émergé d’un passé pour aller de l’avant.

Cet espace temps nous renvoie à la première confrontation de ces oeuvres, au Consortium en 1990, comme un retour vers le futur qui jamais ne passe.

Le Consortium a d’ailleurs commandé à Yan Pei-Ming, grand artiste chinois basé à Dijon, le portrait de ces deux artistes liés cette fois dans la même technique, entre médium photographique et gestuelle du peintre.

Dans la même idée « Polombe » de Franck Stella emprunte le nom d’une cité imaginaire tirée d’un ouvrage du XIVe siècle (Les Voyages de sir John Mandeville) pour une oeuvre au traitement informatique qui donne à un espace plan l’imaginaire de la 3D par illusion optique.

Charles de Meaux dont la société de production Anna Sanders Films compte entres autres comme membres les directeurs du Consortium a créé en 2014, pour le Forum -1 du Centre Pompidou, un Train Fantôme ou le temps se limite à la flânerie.

Cliquez pour un voyage dans Le Train Fantôme de Charles de Meaux

Ce tunnel, évoque les tuyaux caractéristiques de Beaubourg et un passage vers l’inconnu pavé d’images qui défilent, entre paysages et scènes de films, pour mieux nous faire oublier les heures d’un voyage à la fois infini et fugitif.

Quand Franck Gautherot et Xavier Douroux, directeurs du Consortium, invitent le sculpteur César aux Ecuries Saint-Hugues à Cluny en 1996, ils lui conseillent d’éditer une série de Compressions qui seront parmi ses dernières oeuvres, les premières exposées après sa disparition.

Des Compressions liftées, maquillées de couleurs de fard à paupières, rose, vert, or, dont le seul ornement est l’alliance de la signature de l’artiste et d’une date, année de sa disparition, comme une couche de vernis qui finit une carrière brute. (Image à la une et ci-dessous)

Le temps, une date, un poème, un voyage, une année, la confrontation d’images « modernes » projetées par un projecteur 35 mm des années 60 dans l’installation « Rheinmetall/Victoria 8 » de Rodney Graham, dont les oeuvres exposées cet automne-hiver (ici) faisaient déjà référence aux interactions temporelles et stylistiques.

En un mot cette exposition est « Archives » pour le Consortium, les alliances avec le Centre Pompidou, les relations intimes avec les artistes, les grands messages visuels à la reflexion innée.

On en sort des merveilles plein la tête, l’esprit crépitant jusqu’à s’interroger sur son parcours personnel, sur ses réalisations, son passé, son présent et son avenir…

Heureusement quelques salles du rez de chaussée exposent la réponse aux questionnements pas toujours flatteurs.

« Preview » d’Alan Belcher multiplie l’icône JPEG en céramiques format A4, comme autant de possibilités d’images à créer, à sauvegarder, à crasher pour se réinventer et croire toujours à la création future pour les 40 années à venir.


Expositions « Truchement » et « Alan Belcher – Preview » jusqu’au 03 septembre du mercredi au dimanche de 14h à 18h et le vendredi de 14h à 20h.

Visites commentées gratuites les premiers jeudis de chaque mois à 12h30, tous les vendredis à 18h30 et les samedis et dimanches à 16h.

Renseignements : 03.80.68.45.55

Musée Magnin – 4 rue des Bons Enfants – Exposition L’ordre de l’éphémère

Le printemps s’installe et avec lui, pour la plupart d’entre nous, la bonne humeur, la joie, le désir de faire et d’aimer, parallèle instinctif avec la nature renaissante.

Les jardins bourgeonnent et les musées fleurissent tel le Musée Magnin qui décide le temps de la saison (Depuis le 21 mars jusqu’au 18 juin) de nous conter fleurette, des tableaux d’apparat aux huiles intimes, des objets d’étude aux techniques modernes qui fleurent bon le renouveau.

Une histoire d’amour vieille comme le monde et peut être trop évidente pour que l’Art l’ait souvent considéré comme un objet majeur de représentation et d’affirmation du talent d’un artiste.

Jusqu’au XIXe siècle la nature morte était au bas de l’échelle des arts, loin derrière le portrait et la peinture d’Histoire, les fleurs cantonnées aux sujets gentillets de jeunes filles miroirs et aux peintures religieuses en tant que symbole de la beauté du monde.

Jeanne Magnin (1855-1937), Bouquet d’oeillets dans un pichet de porcelaine, huile sur papier marouflé sur carton, H. 36 L. 26 cm, Dijon, Musée Magnin

Leur côté cyclique les éloignent de l’originalité que la peinture moderne ne cesse de rechercher, de la lumière des impressionnistes aux facettes du cubisme jusqu’au monochromisme, abstraction arbitraire qui pousse l’artiste à s’extraire du réel.

Cette exposition insiste sur ces disparités pour mieux les analyser et c’est quatre siècles de fleurs immortelles qui ornent les murs d’un salon du musée éclairé par la verrière d’Auguste Perret, père d’une modernité bétonnée.

Le contraste est constant et apporte à ce rare accrochage la question de l’attention de chaque époque au détail, à la nature et au temps, principes essentiels à la vie et pourtant marqueurs de nettes différences.

Les tableaux les plus anciens présentées expriment tout le talent des peintres néerlandais du XVIIe siècle, comme ces « Fleurs dans un grand vase d’orfévrerie » attribué tout récemment à Abraham Brueghel, cadet d’une grande dynastie de peintres qui très vite a décidé de vivre en Italie, Rome puis Naples, pour se consacrer à la peinture de fleurs.

Huile sur toile, Dijon, Musée des Beaux-Arts

Ce bouquet multiplie les détails naturalistes, du bouton à la goutte de rosée, comme autant de portraits de Cour, de la rose, marquise délicate, à la tulipe, reine incontestée d’une époque où la rareté fugace n’avait pas de prix.

Alors aux Pays-Bas les bulbes de ces fleurs atteignaient des prix exorbitants, dépassant souvent la valeur d’une maison cossue.

Abraham Brueghel apporte ainsi à cette nature morte une noblesse digne de sa valeur marchande, par la délicatesse de traitement et par les dimensions majeures du tableau (H. 156,5 L. 105 cm).

Une économie liée à l’éphémère, telle est l’une des étapes singulière de cette histoire peinte des fleurs que le musée Magnin éclaire de sa finesse de perspective et de ses trouvailles pour une analyse originale de sujets a priori simplistes.

L’exposition reste fidèle à l’esprit de la fratrie Magnin qui voulait par sa collection donner un aperçu des différentes étapes de la peinture, dans une évolution chronologique, fil conducteur qui méne aux tableaux d’un artiste dijonnais contemporain.

Pour se faire nous passons des extravagances hollandaises du XVIIe siècle aux délicats bouquets pastels d’artistes français du XVIIIe siècle, malheureusement souvent anonymes, en passant par les gentilles huiles sur carton de Jeanne Magnin, archétype de l’éducation compléte, si ce n’est du talent, d’une jeune fille de bonne famille du XIXe siècle.

Autant d’étapes qui nous entraîne vers les fleurs modèles, sujets de dessins artistiques ou industriels, à partir de photographies comme celles de Charles Aubry (1811-1877 / Collection du musée d’Orsay), dont les arrangements  floraux aux compositions complexes sont autant de sujets d’ombre et de lumière pour modèles de tissus ou de tapisseries.

Un art appliqué qui bien vite va s’inspirer des impressionnistes qui travaillent à l’extérieur, d’après nature, l’occasion de voir la fleur telle qu’elle veut se montrer et telle qu’on peut la voir.

Le XIXe siècle avide de sciences offre aux élèves botanistes des représentations géantes des fleurs dont chaque élément peut être démonté et analysé. L’Université de Bourgogne conserve quelques uns de ces modèles d’étude en matériaux divers dus à Robert et Reinhold Brendel (Père et Fils).

Aconitum napellus & Dianthus carypophyllus, H. 40 cm

Ces maquettes et arrangements photographiques multiplient la vision de l’évidence pour mieux la réinventer et devient le jalon idéal entre l’art de représentation tel qu’on peut le voir jusqu’au XIXe siècle à l’art de réinterprétation, source nouvelle d’inspiration tel que l’artiste Didier Dessus nous en fait la démonstration.

Cet artiste dijonnais apprécie particulièrement de travailler les sujets en séries, que ce soit les cabanes exposées il y a quelques temps à l’Hôtel Bouchu d’Esterno ou comme ici les fleurs, pivoine, pavot et chrysanthème.

Bon nombre de peintres abstraits, comme Mondrian ou Malevitch, ont été à leur début des peintres de fleurs, signe que l’on apprend de la nature pour mieux la conceptualiser.

Ainsi Didier Dessus perçoit dans les fleurs le cycle de la vie, des pivoines qui préparent leur reproduction, écho à une certaine renaissance ou réensemencement, qu’il compare à la peinture monochrome, vu comme un moment dernier à moins qu’il ne soit le premier ?

En cela il lie le moderne et l’ancien par ces fleurs à l’image retravaillée à l’aide d’un logiciel graphique pour en effacer des lambeaux qui laissent place à un fond monochrome gris-bleu.

Pivoine, huile et acrylique sur toile, H. 120 L. 120 cm

Il restitue ensuite par le dessin puis la peinture ces fleurs déchiquetées sur le fond coloré qui font émerger des morceaux de paysages aux formes fragmentées et ambiguës où chacun peut voir son inconscient.

Une exposition comme un bucolique voyage dans le temps et la technique qui fait perdurer l’art de la peinture dans ce qu’elle reflète de chaque époque.


« L’ordre de l’éphémère. Représentations de fleurs anciennes et contemporaines » Exposition-Dossier jusqu’au 18 juin au Musée national Magnin,       4 rue des Bons Enfants.

03.80.67.11.10


Illustration en tête d’article : Jan van den Hecke le vieux (1620-1684), Fleurs dans un vase de verre, huile sur bois, Dijon, Musée Magnin.