Cette saison est de contrastes au Consortium, retours fréquents passé-présent, questions cruciales à l’humanité opposées aux réalités politiques, offrandes au marché de l’art et personnalisation à outrance pour un autre regard.
La couleur est de mise, les techniques en évolution, les supports sans limite et le message général un encouragement à être soi jusqu’à l’outrance.
L’artiste New-Yorkais Mathieu Malouf nous offre un aperçu de l’évolution de son travail, de l’adolescence aux huit dernières années, qui entérine sa contribution majeure au médium pictural entre pailettes, latex, champignons et tumeurs interconnectés.
Les emprunts à l’histoire de l’art sont flagrants, les clins d’oeil pop sont légions, Andy n’est pas loin, Warhol non plus, Caytlin (Jenner) est la nouvelle Marylin (Monroe), Kim Jong-Un, le nouveau Mao et Donald, le Kennedy d’un destin réalité.
Ca brille, ça claque, flashez avec votre portable pour plus d’explications controversées sur la conscience humaine et ses vérités éternelles teintées d’intelligence artificielle :
L’ensemble est un tout, le particulier un rien de nous, ce que l’art devrait toujours être, amusant, dérangeant, un spectacle vu de loin, un constat pour chacun.
Questions de genre, d’objet à sujet que confirme l’oeuvre de la texane Emily Mae Smith qui libère de sa fonction d’esclave le balai de « L’apprenti sorcier » de Walt Disney pour en faire tour à tour le vainqueur du Sphinx et l’icône glamour d’un nouvel Art Nouveau aux courbes pop, couleurs grinçantes et verres fumés pour mieux montrer ce que l’on veut cacher.
Les inspirations fusionnent, la fusion ambitionne et l’ambition gagne à se faire connaître, le balai en devient phalocrate et la langue hygiénique, pied de… nez aux carrières faciles dont Emily veut se démarquer pour durer.
Sa proposition est donc multi-facettes, oeuvres d’obstination et d’envergure, exécution parfaite, fantaisie et sens du grotesque digne de la scène des Chicago Imagists des années 60 dont elle revendique l’inspiration.
Déplaire pour mieux séduire, s’opposer pour créer sa vérité, mixer pour réinventer sont les clés d’une surprise picturale rafraîchissante et confortante pour une artiste déjà majeure.
Créer pour témoigner, inventer pour insister, inspirer pour évoluer sont des impératifs que l’artiste américaine Valérie Snobeck transpose aux questions écologiques et environnementales.
Particulièrement sur le bilan contrasté de l’United States Environmental Protection Agency (EPA) et sa relation malaisée avec les lobbies industriels, notamment sous le gouvernement américain actuel avec sa remise en question des règles de protection de l’environnement établies sous les administrations précédentes.
Valérie Snobeck s’inspire de l’architecture du bâtiment de l’EPA à Washington et le réduit à la taille du corps humain.
Impacts et dépendances, perception et réalité où l’architecture est dépouillée de sa monumentalité, les armatures porteuses réduites à un squelette, voir un fantôme, essence famélique de ce qui est censé nous surplomber, nous surpasser…
Un changement d’échelle pour mieux parvenir à saisir les enjeux d’une humanité écrasée par ce qu’elle a créé ou est entrain de créer !
Oeuvres réduites à témoigner des agissements de leur époque et de leurs dérives, oeuvres majeures qui souvent témoignent à la fois d’une époque et de ses « clins d’oeil » au présent.
Les oeuvres de la collection du Consortium Museum plongent le premier étage dans le New-York des Eighties.
David Robbins, qui en son temps a fait poser les jeunes loups de l’art contemporain à la manière de comédiens en devenir (Talent, 1986), confirme aujourd’hui le statut de star de Jeff Koons ou de Cindy Sherman.
Allan McCollum et ses « Fives perfect vehicles » reproduit cinq bocaux à gingembre chinois, identiques si ce n’est par la teinte, parfaits si ce n’est par la perte de fonctionnalité, l’ouverture étant impossible.
Métaphore à l’époque de la marchandisation du monde de l’art, n’est t-elle pas de nos jours celle des nouvelles icônes populaires multipliables, parfaites et inutiles ?
Une saison témoignage de notre monde et de sa façon de le recréer pour le réinventer ou tout au moins l’aider à évoluer. Steven Parrino s’est « attaqué » à la fin des années 70 à la peinture, médium que l’on disait alors moribond. La toile malmenée, dissociée du chassis, détendue, retendue s’est réinventée comme l’artiste et comme l’homme moderne qui sans mouvement s’enlise.
Le rythme s’accélère, la pression pousse à la performance et ce dont témoigne ces artistes est de ne jamais se nier, s’inspirer sans jamais renoncer à sa personnalité, être un cri strident dans la convention.

L’Histoire est un éternel recommencement, l’histoire de l’art n’y fait pas exception si ce n’est que son rôle est de « faire un meilleur avenir avec les éléments élargis du passé« (Goethe).
Expositions à voir jusqu’au dimanche 14 avril, plus d’information ici
Oeuvre d’introduction :
Mathieu Malouf, Caytlin, Peinture acrylique et paillettes sur toile, 167,6 x 167,6, 2017