Opéra en fêtes – 11 boulevard de Verdun

Ces temps de fêtes sont propices aux sorties familiales, aux traditions et au divertissement.

Trois éléments réunis dans les deux spectacles de fin d’année de l’Opéra de Dijon.

N’hésitez plus, poussez la porte d’une institution qui peut encore impressionner même si elle offre toutes les conditions de satisfaction inter-générationnelle.

LA VERITABLE HISTOIRE DE CASSE-NOISETTE

Le spectacle de Noël par excellence d’après le livret d’Alexandre Dumas et la musique de Tchaïkovski interprétée par l’Orchestre Dijon Bourgogne sous la direction de Gergely Madaras.

Une histoire à se transmettre pour frissonner devant les manoeuvres sournoises du roi des souris et rêver devant le destin exceptionnel de Nathaniel transformé en pantin de bois, casse-noisette, par le rongeur assoiffé de vengeance.

Un moment nostalgique remis au goût du jour avec pour la première fois, à l’Opéra de Dijon, une expérience transmédia mêlant spectacle vivant et application numérique.

Une appli imaginée par la musicologue et médiatrice Géraldine Aliberti et offerte au public du 13 au 16 décembre afin d’accéder à des clés de lecture et d’écoute avant le spectacle.

Une occasion unique d’allier le noël d’antan et la magie des arts de la scène à un objet numérique autonome relié au spectacle pour une compréhension accrue et l’opportunité de faire vivre l’oeuvre au delà des limites de la salle, par des jeux sonores et musicaux, des titres du ballet et une histoire interactive à transposer dans son quotidien.

LES CONTES D’HOFFMANN

Autre classique de fin d’année remis au goût des nouvelles technologies et sensibilités artistiques, les Contes d’Hoffmann, chef-d’oeuvre d’Offenbach, prend un tour tragique par l’énoncé du sous-titre : « Laissez-moi hurler et gémir et ramper comme une bête« .

Dans sa chambre d’hôtel la cantatrice Stella s’apprête à rejoindre la scène où elle doit interpréter le rôle de Donna Anna du « Don Giovanni » de Mozart.

Une dispute a lieu avec son amant, le poète Hoffmann, dont l’égo artistique a du mal à supporter le succès de sa maîtresse.

Elle lui pardonne par un petit mot, subtilisé par l’agent artistique de la cantatrice qui voit d’un mauvais oeil cette relation inégale.

Hoffmann dans le doute et sous les effets conjugués de l’alcool, de la dépression et du délire poétique, commence alors à sombrer dans un univers irréel dans lequel sa maitresse prend tour à tour l’aspect de trois femmes : Olympia, l’automate qui s’effraye de se sentir humaine, Antonia, l’amoureuse qui meurt de chanter, et Giulietta, diva légère et perverse qui cherche à lui voler son reflet…

Une théâtralité à prendre à bras le corps par tous les metteurs en scénes qui s’y sont essayés avec plus ou moins de succès.

Ici, le parti pris de Mikaël Serre est de considérer que notre époque est d’un duel trouble, où le réel et la vérité n’ont plus d’importance face à nos personnalités à la fois mécaniques et virtuelles.

Ce qui était étrange, glaçant, loufoque, impossible ou absurde au XIXe siècle est aujourd’hui de l’ordre du possible, du futur proche, voire du présent.

Ainsi se mélange le théâtre, la vidéo et les créations sonores pour une expérience qui ne fait que refléter notre quotidien… A disséquer et déguster du 14 au 23 décembre.

Deux spectacles entre tradition et réflection, voir réflexion de notre façon d’être et d’assimiler la fiction d’hier pour construire aujourd’hui.


Opéra de Dijon – 03.80.48.82.82 – http://www.opera-dijon.fr/

Opéra de Dijon – La Flûte enchantée

Le printemps arrive, annonciateur des désolations de l’été, de ce soleil ravageur qui vous étouffe et calcine les verts paturages devenus désert au sol blanchi, craquelé et stérile.

Eh oui la « Belle saison » n’a rien de féérique !

Tel est le décor d’ouverture de cette Flûte enchantée présentée à l’Auditorium et pour la première fois à Dijon en version originale, en langue allemande surtitrée en français, et sur les instruments d’époque des Talens lyriques, un ensemble de musique baroque créé et dirigé depuis 1991 par Christophe Rousset, claveciniste.

Le célèbre opéra de Mozart qui dès sa création en 1791 connu un énorme succès, encore aujourd’hui toutes les dates étant complètes, est en fait un « Singspiel », une sorte d’opéra-comique qui se caractérise par l’alternance de dialogues parlés et d’air chantés et par une atmosphère « magique » où le bien et le mal s’opposent.

Cet espace dévasté, cette lande délaissée, où seuls demeurent des hommes, nomades, vêtus de déchets en surnombre et coiffés de crânes d’animaux, hommage posthume à la faune disparue, est le territoire de la Reine de la Nuit.

Maquette du décor du Ier acte par ©David Lescot

Une nuit caniculaire qui oppose sa souveraine à un ancien amant, Sarastro, dans la lutte pour la garde de leur fille adorée, Pamina.

La jeune fille se trouve écartelée entre le royaume de sa mère, une terre devenue enfer, et le temple souterrain de son père, décor du IIe acte, un centre commercial désaffecté où elle est tenue prisonnière.

C’est ainsi que la Reine confie à un jeune homme, le prince Tamino, le soin de délivrer sa fille des griffes d’un père qu’elle ne connait pas.

Muni d’une flûte enchantée qui l’aidera dans sa mission et accompagnée de Papageno, un étrange oiseuleur rencontré au début de son périple, Tamino pénètre dans un univers parallèle au nôtre, miroir à peine déformé.

Ainsi, la lutte entre la Reine de la nuit et Sarastro se joue en guerre des sexes dont l’enfant est le centre stratégique, et le temple de Sarastro, lieu de spiritualité et d’ascèse s’oppose à sa zone refuge, supermarché au mercantilisme et à la surproduction en deliquescence.

Une scénographie qui interroge notre quête de bonheur absolue, qui souvent se mesure aux degrés de lumière et à la quantité d’objets qui réchauffe notre coeur de consommateur.

Elle oppose la souveraineté obscure, sommet des plaisirs mercantiles au chant de furie, hypnotique, à une spiritualité « éclairée » censée rendre l’Homme meilleur, nouvelles vertus eco-responsables.

Air de la Reine de la Nuit – « Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen » – Acte 2

A l’origine, Mozart opposait une certaine forme d’absolutisme, dont il a été victime à Salzbourg, à la lumière des loges maçonniques, dont il était membre, censées accueillir chacun selon ses qualités et non ses origines pour refonder une humanité égalitaire.

La musique devient alors une arme contre les dérives d’un pouvoir autoritaire, la flûte enchantée et les clochettes de Papageno permettent non pas de lutter contre le mal mais de se découvrir intérieurement, par un chemin d’épreuves, et extérieurement, par l’alter ego qui partagera votre parcours.

A chacun sa chacune – Tamino & Pamina, Papageno et son ôde à « Papagena » – Acte 2

La mise en scène de David Lescot, les costumes de Mariane Delayre, qui ont fait l’objet d’un financement participatif « Habillez nos chanteurs », la magie des Talens Lyriques et l’agilité du choeur de l’Opéra de Dijon et de la Maitrise de Dijon, révèlent tout l’aspect onirique du dernier chef-d’oeuvre de Mozart, testament virtuose qui demande à réinventer le monde en le réenchantant.

Croquis des costumes des créatures dessinés par ©Mariane Delayre

En écho au jeune Mozart qui le 16 juillet 1766, à l’âge de 10 ans, a donné un concert à l’Hôtel de Ville de Dijon, actuelles Archives Départementales, 8 rue Jeannin, les enfants se réapproprient son dernier chef-d’oeuvre.

La Flûte (ré)enchantée est un programme pédagogique initié par l’Opéra de Dijon dans le cadre de ses activités culturelles avec une classe de 6e du collège Henri Dunant de Dijon.

Les élèves ont travaillé le chant et la dramaturgie de cette Flûte, réécrite et mise en scène par Ismaël Gutiérrez, tandis que la musique est assurée par l’Orchestre des Jeunes des Talens Lyriques, élèves de 3e du collége Balzac, Paris XVIIe.

Une réinterprétation juvénile, clin d’oeil heureux à la fantaisie de Mozart, à découvrir le 23 mars à 18h30 dans le foyer de l’Auditorium de Dijon en avant-spectacle de la représentation de La Flûte Enchantée de 20h et le 31 mars à Paris (Lieu à définir – Renseignements au 03.80.48.82.52)