Dijon, à défaut de posséder un parc zoologique, est une ville animalière.
Les béliers se portent en collier, les chouettes guident les touristes et la silhouette d’un ours se dessine, graphée sur les murs, élègante dans les vitrines et racée à l’entrée du jardin Darcy.
Icône de l’art animalier, l’Ours blanc de François Pompon, tailleur de pierre puis sculpteur originaire de Saulieu, est désormais un emblême de la ville.

Un ours citadin qui nous entraîne jusqu’à l’enseigne de cette boutique de la rue Monge dédiée aux ursidés de tous poils.
Un paradis pour les arctophiles, ces collectionneurs, adultes, d’ours en peluche, qui retrouvent dans ce jouet douillet le gardien des souvenirs heureux.
Inventé en Allemagne, en 1902, par l’entreprise Steiff, il gagne l’année suivante son surnom de « Teddy Bear », hommage singulier au grand chasseur qu’était le président américain Théodore Roosevelt.
Son succès tient surtout à sa nature.
L’ours en peluche est plus qu’un jouet, c’est un ami de l’enfance, un compagnon protecteur, et protégé, que l’on ne veut pas laisser s’échapper, au risque de se perdre dans un monde que la rumeur populaire dit être très éloigné du « Pays des bisounours« .
Aussi dans cet atelier-boutique un brin rétro, les meubles anciens sont patinés, un landau, années 50, accueille des pensionnaires et les ours vous tendent les bras afin de vous faire oublier vos soucis quotidiens.
Christelle en est la montreuse, créatrice, habilleuse et amoureuse de ces personnages à parts entières, répondant aux noms de Léon, Almyre ou Désiré, habillés selon leur fonction, de maître d’école ou de future épousée, ou selon les heures de la journée, de manteaux ou d’un bonnet de nuit.
Une vie sociale active, doublée d’un profil de vedette, qui depuis 15 ans les voit dessinés au fusain par Paulette Renaud dans des mises en scène de saison.

Ainsi en septembre dernier a t-elle tiré le portrait des oursons écoliers…
Un univers, des histoires…, autant de créations de la vie.
Mais toute existence à une origine.
Pour Christelle c’est par les moments passés auprès de sa grand-mère, à coudre, à broder, et à apprendre le beau dans les règles de l’art, que sa passion est née.
Et même si le destin en a, d’abord, décidé autrement, le système éducatif français réservant l’apprentissage technique aux éléves les moins assidus, l’envie a été la plus forte.
Depuis plus de 20 ans elle en a fait son métier.
D’abord au fil des expositions, en France, comme au musée du jouet d’Uzès, mais aussi en Europe : Belgique, Pays-Bas et surtout l’Angleterre, terre chérie des Teddy Bear.
Le savoir-faire d’exception de Christelle a fait sa renommée outre-manche aprés la publication d’un article dans un magazine spécialisé dans les ours de collection.
Sa clientèle reste toujours, en partie, britannique, à l’image de ce couple trés british qui possède plus d’un millier d’ursidés chez eux.
Néanmoins après plusieurs tours d’Europe l’envie de revenir à Dijon a été la plus forte.
Sans compter que la Bourgogne compte beaucoup d’expatriés britanniques.
Aussi depuis trois ans l’atelier-boutique accueille, à demeure, les amateurs de Bears et amoureux de l’artisanat.
Loin des peluches hydrocarburées, nous retrouvons ici le savoir faire et la qualité des premiers producteurs d’ours en peluche, Steiff mais aussi Michtom, premier fabricant, en 1903, d’ours articulés en mohair.
Une matière noble et naturelle, qu’utilise Christelle pour ses réalisations, issue des chèvres angora.
Mohair tissé sur une trame par des entreprises spécialisées, principalement allemandes, mais aussi anglaises ou australiennes.
Fourrure de mohair, dessous de pattes en cachemire, yeux en verre, garnissage de ouate de coton, voir dans certains cas, de paille de bois.
La qualité essentielle pour de vrais sensations.
Une base solide pour des créations intemporelles.
Ici, l’inspiration n’est jamais loin de la tradition :
Chaque ours nécessite un véritablement cheminement créatif, du croquis à la réalisation manuelle (Une dizaine d’heures pour un ourson de 30 cm), même si la proportion des membres reste fidèle à l’esprit premier de l’ours en peluche.
Ainsi le rembourrage ferme, contrairement à ce qu’on trouve dans l’industrie, donne l’assise, le corps de l’ours, tandis qu’un système de goupilles et de rondelles permet d’articuler la tête et les pattes.
De même, les couleurs sont naturelles, beige, chocolat, blanc, roux, à base de pigments, principalement des ocres.
Les vêtements sont taillés dans des toiles anciennes, ou tricotés, dans des teintes se rapprochant de celle des fourrures.
Enfin, le nez est brodé et les yeux, en verre comme à l’origine, permettent un reflet incomparable de la lumiére, générateur d’âme.
Néanmoins, chaque ours est unique, par sa tenue, son allure, mais aussi son attitude, presque charmeuse qui vous incite à l’inviter chez vous.
(Lors de ma visite Martial, l’intello, ne m’a pas laissé indifférent…)
A supposer que vous ne trouviez pas votre bonheur en boutique, toutes vos envies, ou presques, sont réalisables, jusqu’à des ours de 120 cm, dont Christelle est spécialiste.
Si la fibre créatrice vous titille, vous trouverez votre bonheur avec l’Ours en Kit.
Une boite composée d’un livret de création, de la fourrure mohair, des dessous de pattes, des yeux, des articulations et d’une photographie de la peluche finie.
Une activité qui enrichit votre temps libre, vos pratiques créatives, et votre vocabulaire : Ne cousez plus, ne brodez plus, Ursidez !
Enfin, pour ceux qui ne manient pas l’aiguille et qui veulent néanmoins sauvegarder leur patrimoine émotionnel, vous pouvez faire appel à « Nounours en péril« .
Une véritable clinique des peluches en détresse, pour soigner les articulations rouillées, la perte de rembourrage et les accidents de nettoyage. (Pas de pressing SVP !)
Un Ours en Ville c’est avant tout un ours à vie !
De la joie d’une naissance au cadeau artisanal, inter-générationnel, loin du jetable.
D’une réparation de la dernière chance aux retrouvailles, l’arme à l’oeil, de votre enfance.
Du simple sourire en regardant la vitrine à l’adoption de celui qui jamais ne vous quittera.
Les Teddy Bears avides de miel voisinent depuis quelques mois avec des créatures à la taille de guêpe, les poupées Petitcolin, décorées à la main, qui élargissent le champ de la nostalgie et s’assortissent par leurs tenues, confectionnées par Christelle, à leurs camarades de tous poils…
… puisque en ce temps pascal les lapins font leur apparition dans la boutique.
Aussi mignons que les ursidés, ils regagneront bientôt leur terrier aussi n’hésitez pas à les poursuivre, telle Alice, pour découvrir ce pays des merveilles.